« Vive la Paresse »
Air extrait de l’opéra –comique » Rip-Rip » acte 1
Musique de Robert Planquette
Interprète : G. Staron
Le compositeur (1850-1903) est beaucoup plus connu pour la musique des « Cloches de Corneville ». Rip-Rip est une opérette, plutôt qu’un opéra comique, qui se déroule dans les colonies anglaises d’Amérique où elle commence par un hymne en l’honneur du roi Georges III en 1763 et se termine, en 1783 après la guerre d’indépendance avec un autre hymne en l’honneur de Georges Washington sur le même air.
Il est curieux de constater que la météorologie (le vent, le tonnerre) mais aussi le milieu naturel (campagne, montagne , bois) sont les symboles liés à la paresse !
Cet air s’inscrit dans une tradition culturelle du pays des librettistes et du compositeur, celle de l’opérette marseillaise ou d’autres de l’entre deux guerres comme Dédé « Dans la vie faut pas s’en faire » et d’une grande partie de la chanson française.
Henri Salvador qui a travaillé presque jusqu’à sa mort a été le chantre de cette société sans travail, « le travail c’est la santé, ne rien faire c’est la conserver », Beau contraste !
Ceci correspond aussi à la tradition historique
Notre pays est sous l’ancien régime celui où la bourgeoisie d’affaire aspirait à vivre de ses rentes, pour ensuite devenir noble à qui il était interdit de travailler sous peine de déroger. La fermeture de l’accès de la bourgeoisie à la noblesse a d’ailleurs été l’une des causes de la Révolution.
Le mouvement social et ouvrier français a toujours préféré la réduction du temps de travail aux autres aspects (salaires, protection contre la maladie l’accident, le chômage) qui ont plus concerné l’Allemagne ou le Royaume Uni
La France s’est souvent repliée sur la rente. Après le très fort enrichissement du second Empire, c’est peut être pour cela que Napoléon III est mal vu, les aspects rentiers ont repris le dessus sous la 3ème république : une révolution industrielle inachevée ! C’est d’ailleurs le cas au moment de la première de l’opérette
Jusqu’à ces derniers années, la notion de travail a été rognée de toutes parts, en durée aux deux extrémités de la vie et pendant la semaine, mais aussi en qualité avec la négation de la « rentabilité » par une grande partie de l’éducation nationale ou avec le choix délibéré de certains de ne pas travailler (cette réponse est souvent faite).
Un tel choix de civilisation n’a pas eu d’effets majeurs, tant que la tendance à la baisse de la durée du travail ou la présence de l’état providence des 30 glorieuses s’est poursuivie dans les pays développés. Depuis quelques années la situation s’est inversée, que ce soit au niveau économique avec la concurrence internationale, la mondialisation et le développement des pays émergents, au niveau démographique avec la faible natalité et l’allongement de la vie etc
Notre pays se situe maintenant dans une situation de contresens qui peut être fatale !
Il y a en effet dans le passé un exemple de déclin pendant 3 siècles d’un pays qui s’était endormi sur sa rente au point de ne plus en avoir : L’Espagne. Sous Charles Quint, elle recevait toutes les richesses du nouveau monde à Séville, elle a choisi de les laisser transformer par d’autres dans le nord de l’Europe. Ces richesses se sont taries, l’argent s’est dévalué et il s’en est suivi 3 siècles de misère et de mendicité!
Gérard Staron